Après des débuts à Paris difficiles (Tsvetaeva doit partager un minuscule appartement dans le 19e arrondissement industriel de Paris), la famille part s’installer pour quelques mois en Vendée à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Les quelques mois en Vendée sont une période charnière et ambiguë. Heureuse de quitter Paris, Marina ne cache pas le peu d’affection qu’elle éprouve pour l’océan. Le poids d’un destin néfaste semble l’accabler et s’incarne dans l’océan magnifique, mais indomptable. Elle se pose également de nombreuses questions quant à son avenir : rentrer à Prague ? S’installer à Paris ? Les questions financières surgissent déjà. Comment gagner de l’argent ? Où la vie serait-elle la plus douce et la plus féconde ?
Vendée, terre de liberté
La Vendée n’est pas un lieu neutre pour Tsvetaeva. Elle est symbole de liberté et de l’ancien monde qui se bat pour sa survie contre la modernité qu’elle n’aime guère. Elle identifie le combat des Vendéens contre les armées révolutionnaires au combat des Blancs (dont son mari faisait partie) contre les Rouges bolcheviques.
Je me réjouis d’être en Vendée qui a donné un si magnifique éclair de Liberté
Lettre à Teskova, le 8 juin 1926
Dans son recueil « Le camp des cygnes » (1918) où Tsvetaeva prend fait et cause pour les Blancs, elle associe l’héroïsme des Vendéens aux combattants Blancs du Don.
RILKE, PASTERNAK, TSVETAEVA
La grande histoire de ce séjour est le surgissement dans la vie de Tsvetaeva de Rainer Maria Rilke par le truchement de Boris Pasternak. Mais aux délices de lire les mots de ce poète aimé se mêle aussi la frustration de ne pouvoir le rencontrer, d’être prisonnière de cet océan. Rilke ne peut quitter la Suisse, malade. Tsvetaeva n’a ni l’argent, ni le visa, ni l’opportunité de quitter sa famille pour le rejoindre.
HOMMAGE A TSVETAEVA
Si vous passez par Saint-Gilles, vous pourrez admirer la statue de Tsvetaeva, taillée par le sculpteur Zourab Tsereteli.