Une des premières destinations de vacances pour Tsvetaeva après son arrivée en France fut Pontaillac près de Royan sur la côte atlantique. Elle passa avec ses enfants et son mari, Sergueï Efron, l’été 1928 de juillet à septembre à la villa Jacqueline.

La plage de Pontaillac

Marina éprouve lors de son séjour des sentiments mitigés. A Royan séjourne cet été-là une véritable colonie russe, où l’on retrouve les familles Lossky, Karsavine, Andreev, Zavadsky, Souvchinsky, promiscuité qui n’est pas toujours de son goût.

Je hais « la compagnie »; je souffre toujours extrêmement,

je fuis en courant, je m’éclipse.

Lettre a Gronski, 12 juillet 1928
Photo © Andreï Korliakov (« La culture russe en exil », YMCA Press, 2012) Sur la photo, on voit Tsvetaeva et sa fille Ariadna. En bas à droite, l’historien Lev Karsavine et debout à gauche Boris Lossky.
Plage de Saint-Georges de Didonne au sud de Royan.

Tsvetaeva était surtout dans l’attente de la venue de Nicolas Gronski, resté à Meudon. La correspondance des deux poètes montre l’impatience de Marina de retrouver son nouveau compagnon de balades qui, au final, ne viendra pas. Encore une « non-rencontre » !

Notre non-rencontre, le fait que nous nous soyons manqués, non réalisés, à présent, cela ne vient que de toi d’un point de vue extérieur. Ma loi, c’est la non-réalisation.

Lettre à Gronski, 1 septembre 1928

« Vacances » ne signifient pas inactivité. De Royan, par l’intermédiaire de Gronski, Tsvetaeva surveille l’avancée de la publication de sa pièce « Phèdre » qui sortira dans la revue de l’émigration russe des Annales contemporaines.

Et comme toujours, Marina se plaint de cette mer qui n’est pas son « élément » et l’ennuie. Elle préfère se projeter dans l’avenir et rêve de montagne !

Je vis déjà dans le rêve du futur: la Savoie. J’ai une indigestion de la mer et j’en ai trop bu !

Lettre a Gronski, 26 juillet 1928